Le cri de détresse de l'Association des Directions de Bruxelles et Brabant wallon

Publié le 03-10-2016


Madame, Monsieur,

Chers Parents,

Chers membres du secteur associatif,



La qualité d’un enseignement approprié à chacun de vos enfants est depuis toujours notre principal objectif. Pendant longtemps, notre réseau libre nous a permis d’organiser nos écoles et de recruter les équipes d’enseignants en fonction de nos projets pédagogiques, adaptés aux spécificités des élèves que nous accueillons.

Or, ces dernières années, cette autonomie a été bridée par la mise en place de décrets et de réformes qui limitent drastiquement notre marge de liberté. La dernière réforme « Titres et Fonctions », présidée à la base par un souci de qualité et d’efficacité, met en péril l’essence même de notre liberté de constituer nos équipes de professeurs.

L’extrême lourdeur administrative de ce nouveau processus de recrutement et l’obligation fréquente de trouver plusieurs enseignants porteurs de titres très spécifiques pour assurer un horaire ou pour remplacer un enseignant absent, amènent déjà des classes entières sans professeur depuis parfois plusieurs semaines. Nous sommes en effet cadenassés par l’obligation de recruter prioritairement des enseignants porteurs de titres requis de sorte que nous ne pouvons que rarement leur assurer un temps plein. Cette difficulté est accrue dans les écoles qui organisent l'immersion et/ou l'enseignement qualifiant. La plupart des professeurs prestaient autrefois tout leur horaire dans une même école, ce qui stabilise les équipes, favorise les projets collectifs et permet un meilleur accompagnement au quotidien de chaque élève ; ils seront désormais dispersés dans plusieurs établissements pour assurer les cours correspondant à leur spécialisation.

Dans le contexte actuel de pénurie d'enseignants, cette réforme ne fera qu’accroître le nombre de cours non donnés et étouffera le dynamisme des équipes qui deviennent instables et fragmentées.

Nous nous sommes adaptés autant que possible à toutes les réformes qui ont précédé, en ce compris, le décret inscriptions et nous constatons qu’aucune de ces réformes n’a amélioré l’enseignement en Fédération Wallonie Bruxelles. A l’inverse, la perte insidieuse d’autonomie des établissements et la standardisation du système asphyxient progressivement notre créativité et notre emploi du temps, ce qui nous empêche de mettre en place une pédagogie humaniste plus que nécessaire pour l’épanouissement de vos enfants qui grandissent dans un monde en totale mutation. L'étude réalisée par McKinsey en FWB a d’ailleurs récemment confirmé que l´autonomie du chef d'établissement et des professeurs est un critère essentiel pour garantir une qualité d'enseignement.

Un collectif de directeurs a exprimé ces difficultés dans une carte blanche publiée dans La Libre Belgique du 22 septembre 2016

Vu l’impossibilité d’appliquer la réforme dans sa version actuelle, des assouplissements ont été acceptés par le ministère pour le mois de septembre. Mais à partir du 1er octobre, les mêmes difficultés se retrouveront à nouveau au cœur de notre métier et beaucoup d’élèves seront sans professeur.

Nous nous inquiétons non seulement des effets nuisibles de cette réforme mais davantage encore des décrets qui se préparent et qui risquent de réduire à néant notre autonomie et, avec celle-ci, l’adéquation entre notre système d’enseignement et les besoins des jeunes.

Soyez certains que nous dénonçons activement l’impact de ce processus de même que nous proposons à Madame Marie-Martine Schyns, Ministre de l’enseignement, des solutions qui nous permettraient de retrouver une qualité dans notre travail pédagogique, afin d’offrir à vos enfants un enseignement connecté à leurs besoins.

Nous vous remercions d’ores et déjà pour l’attention que vous porterez aux enjeux actuels de l’enseignement et plus particulièrement à ceux du réseau libre.

Les directeurs de l’ADIBRA (association des directions de Bruxelles et Brabant wallon)